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Aujourd’hui, c’est tempête ! Des vents violents sont prévus dès le milieu de la journée et devraient souffler jusqu’au lendemain matin. Trouvant qu’il serait dommage de ne pas sortir et aller nous promener un peu, nous décidons de quitter le Crouesty et d’entrer dans le golfe du Morbihan, soit peut-être vingt minutes en mer avant de gagner des eaux plus abritées. Le départ est donné vers 13h30 et nous nous engageons dans le chenal pour quitter le port. Nous sentons monter les bourrasques de vent, nous voyons une mer un peu agitée. Le voilier ne tarde pas à monter puis descendre, tanguant et roulant sous l’effet de la houle. Heureusement que nous n’allons pas trop loin, le mal de mer nous guette !

C’est le début d’une semaine de navigation dans le Morbihan pour treize membres du Cercle Nautique de Beauvais. Nous naviguons à bord de deux voiliers de location d’environ treize mètres : un Sun Odyssey 40.3 baptisé « Bôme au coeur » et un Dufour 405 appelé « Njord ». C’est l’occasion de mettre en pratique les connaissances et les techniques acquises lors des entrainements sur le plan d’eau du Canada de Beauvais. Une semaine de navigation intensive permet de conforter ses acquis et de progresser rapidement. C’est également l’occasion de gouter un aperçu des possibilités offertes par la navigation à la voile le long des cotes bretonnes, de renforcer les liens entre les membres et, bien sûr, de se faire plaisir !

A gauche, "Bôme au coeur" et à droite, "Njord"
A gauche, « Bôme au coeur » et à droite, « Njord »

Sortis du chenal, nous établissons un génois partiellement déroulé. Comme nous serons au portant pour rejoindre notre destination et qu’il y a pas mal de vent, cela sera bien suffisant. De plus, dans les méandres de la rivière d’Auray, les empannages seront fréquents; ne pas avoir à gérer la grand-voile nous simplifiera beaucoup la tâche.

Nous nous faisons encore malmener un peu. Nous naviguons à présent dans la même direction que les vagues; le bateau roule moins, c’est bien plus confortable. Encore quelques instants et nous passons Port Navalo; nous voilà dans le golfe. Le courant de la marée montante nous entraine à presque dix nœuds. Il n’y a plus de houle; elle ne passe pas le détroit à l’entrée du golfe. On se croirait un peu sur un plan d’eau intérieur.

Nous bifurquons et nous engageons dans la rivière d’Auray. Il s’agit là de nous faufiler entre les parcs à huitres et les mouillages, en évitant les rochers et les hauts fonds. Pour cela, nos repérages sur les cartes, les bouées de balisage et la cartographie GPS nous aident beaucoup. Nous passons à côté de petites iles privées, refuges égoïstes de quelques privilégiés fortunés. D’autres propriétés magnifiques suivent de près, avec leur gazon anglais et leur ponton privatif : le rêve. Nous croisons également quelques belles unités au mouillage : trimarans exotiques, vieux gréements, beaux voiliers de voyage, un vrai plaisir pour les yeux.

Si le vent nous emmène à quatre nœuds à présent, le courant nous amène parfois à frôler les dix nœuds. C’est assez impressionnant de se prendre ce genre de coup de fouet, mais tellement agréable ! En moins de deux heures, nous voilà parvenus à Bono, petit village bien sympathique avec un petit port. Tellement petit que nous ne pouvons y entrer et installons nos montures au mouillage, sur des bouées placées au centre de la rivière. Afin de découvrir l’endroit tout de même, et malgré les quantités d’eau que le ciel relâche sur nous, nous gonflons une annexe, installons le moteur et allons à terre. L’endroit est vraiment charmant, avec son vieux pont en acier élégant, des constructions de pierre au toit d’ardoise agrémentées d’eucalyptus et divers arbustes décoratifs fleuris en ce milieu de printemps. Dommage qu’il n’y ait pas un petit rayon de soleil et un coin de ciel bleu pour magnifier les lieux.

Le pont en acier au-dessus de la rivière d'Auray
Le pont en acier au-dessus de la rivière d’Auray
Vue depuis la capitainerie du port de Bono
Vue depuis la capitainerie du port de Bono

Les conditions météorologiques se sont encore dégradées quand nous revenons au port. L’annexe contient plusieurs dizaines de litres d’eau. La tâche de pilote me revient. J’embarque trois passagers pour la première rotation. Le vent lève de petites vagues sur le cours d’eau et mes compagnons à l’avant de l’embarcation se prennent d’occasionnels paquets d’eau. Le courant et la rusticité de l’annexe rendent les manœuvres d’approche délicates et les réactions du frêle esquif deviennent fantaisistes.

Il pleut à torrents. Il y a dix centimètres d’eau au fond de l’annexe. En allant vers le port, le courant soulève la proue. J’ai l’impression d’être en train de couler. Je ne vois presque rien à cause du vent et de la pluie. La manœuvre devient franchement pénible. Enfin, la dernière rotation est terminée. Reste à enlever le moteur, remonter l’annexe à bord du voilier, la dégonfler et la ranger à grand-peine. Enfin, nous pouvons descendre dans le carré nous mettre à l’abri. Les premiers arrivés ont commencé à préparer le diner, merci à eux !

Un bon repas chaud requinque tout le monde. Il fait à présent nuit. Le voilier est doucement chahuté par le vent et le courant. Le vent siffle dans la mature. Des trombes d’eau s’abattent en grosses gouttes qui viennent marteler le pont. Nous allons malgré tout tous très bien dormir cette nuit. Demain, manœuvres et tour du golfe !

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